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Le mois de Marie avec la famille Martin

30 avril 2021

Dans ses Manuscrits autobiographiques, Thérèse esquisse pour nous, à travers de charmantes anecdotes, la façon dont la famille Martin sanctifiait « le beau mois de mai », le mois de Marie. Zélie et Louis avaient manifesté, dès leur jeune âge, une grande confiance et reconnaissance envers la protection maternelle de la Sainte Vierge.

« J’aimais beaucoup le Bon Dieu et je lui donnais bien souvent mon coeur en me servant de la petite formule que maman m’avait apprise, cependant un jour ou plutôt un soir du beau mois de Mai je fis une faute qui vaut bien la peine d’être rapportée, elle me donna un grand sujet de m’humilier et je crois en avoir eu la contrition parfaite.  Etant trop petite pour aller au mois de Marie je restais avec Victoire et faisais avec elle mes dévotions devant mon petit mois de Marie que j’arrangeais à ma façon ; tout était si petit : chandeliers et pots de fleurs, que deux allumettes-bougies l’éclairaient parfaitement ; quelquefois Victoire me faisait la surprise de me donner deux petits bouts de rat-de-cave mais c’était rare. Un soir tout était prêt pour nous mettre en prière, je lui dis : «Victoire, voulez-vous commencer le souvenez-vous, je vais allumer.» Elle fit semblant de commencer, mais elle ne dit rien et me regarda en riant ; moi qui voyais mes précieuses allumettes se consumer rapidement, je la suppliai de faire la prière, elle continua de se taire ; alors me levant, je me mis à lui dire bien haut qu’elle était méchante, et sortant de ma douceur habituelle, je frappai du pied de toutes mes forces… Cette pauvre Victoire n’avait plus envie de rire, elle me regarda avec étonnement et me montra du rat-de-cave qu’elle m’avait apporté… après avoir répandu des larmes de colère, je versai des larmes d’un sincère repentir ayant le ferme propos de ne plus jamais recommencer !…« 

« Ma plus grande occupation était de faire des couronnes de pâquerettes et de myosotis pour la Sainte Vierge, nous étions au beau mois de mai, toute la nature se parait de fleurs et respirait la gaîté, seule la «petite fleur» languissait et semblait à jamais flétrie… »

La sanctification du mois de Marie, qui s’exprimait par les autels fleuris, la récitation du chapelet, les pèlerinages… était une coutume répandue à l’époque de saints Louis et Zélie. Leur profonde et tendre fidélité envers la sainte Vierge s’inscrit dans une longue tradition que de nombreux saints de jadis ou plus contemporains ont fait vivre avec ferveur : saint Bernard de Clairvaux, le curé d’Ars, saint Jean-Paul II, Mère Teresa

Thérèse nous rappelle que ce mois est un mois d’effusion de grâces :

« Jésus qui voyait mon désir et la droiture de mon coeur permit que pendant le mois de mai, mon confesseur me dit de faire la Ste Communion 4 fois par semaine et ce beau mois passé, il en ajouta une cinquième à chaque fois qu’il se trouverait une fête. De bien douces larmes coulèrent de mes yeux en sortant du confessionnal ; il me semblait que c’était Jésus Lui-même qui voulait se donner à moi, car je n’étais que très peu de temps à confesse, jamais je ne disais un mot de mes sentiments intérieurs, la voie par laquelle je marchais était si droite, si lumineuse qu’il ne me fallait pas d’autre guide que Jésus… Je comparais les directeurs à des miroirs fidèles qui reflétaient Jésus dans les âmes et je disais que pour moi le Bon Dieu ne se servait pas d’intermédiaire mais agissait directement !… »

« O Jésus, mon Bien-Aimé ! qui pourra dire avec quelle tendresse, quelle douceur, vous conduisez ma petite âme ! (…) L’orage grondait bien fort dans mon âme (…) lorsqu’un samedi du moi de mai, pensant aux songes mystérieux qui sont parfois accordés à certaines âmes, je me disais que ce devait être une bien douce consolation, cependant je ne la demandais pas.
Le soir, considérant les nuages qui couvraient son ciel, ma petite âme se disait encore que les beaux rêves n’étaient pas pour elle, et sous l’orage elle s’endormit… Le lendemain était le 10 mai, le deuxième dimanche du mois de Marie, peut-être l’anniversaire du jour où la Sainte Vierge daigna sourire à sa petite fleur…
Aux premières lueurs de l’aurore, je me trouvai (en rêve) dans une sorte de galerie, il y avait plusieurs autres personnes, mais éloignées. (…) J’aperçus trois carmélites revêtues de leurs manteaux et grands voiles, il me sembla qu’elles venaient pour notre Mère, mais ce que je compris clairement, c’est qu’elles venaient du Ciel. (…) La plus grande des saintes s’avança vers moi; aussitôt je tombai à genoux. (…) La Carmélite leva son voile ou plutôt le souleva et m’en couvrit… sans aucune hésitation, je reconnus la vénérable Mère Anne de Jésus, la fondatrice du Carmel en France. Son visage était beau, d’une beauté immatérielle, aucun rayon ne s’en échappait et cependant malgré le voile qui nous enveloppait toutes les deux, je voyais son céleste visage éclairé d’une lumière ineffablement douce, lumière qu’il ne recevait pas mais qu’il produisait de lui-même…
Je ne saurais redire l’allégresse de mon âme, ces choses se sentent et ne peuvent s’exprimer… (…) Je vois encore le regard et le sourire PLEINS d’AMOUR de la Vble Mère. (…) Me voyant si tendrement aimée, j’osai prononcer ces paroles : «O ma Mère! je vous en supplie, dites-moi si le Bon Dieu me laissera longtemps sur la terre… Viendra-t-Il bientôt me chercher?… » Souriant avec tendresse, la sainte murmura : «Oui, bientôt, bientôt… Je vous le promets.» – «Ma Mère, ajoutai-je, dites-moi encore si le Bon Dieu ne me demande pas quelque chose de plus que mes pauvres petites actions et mes désirs. Est-Il content de moi?» La figure de la Sainte prit une expression incomparablement plus tendre que la première fois qu’elle me parla. Son regard et ses caresses étaient la plus douce des réponses. Cependant elle me dit : «Le Bon Dieu ne demande rien autre chose de vous. Il est content, très content!…» Après m’avoir encore caressée avec plus d’amour que ne l’a jamais fait pour son enfant la plus tendre des mères, je la vis s’éloigner… Mon coeur était dans la joie, mais je me souvins de mes soeurs, et je voulus demander quelques grâces pour elles, hélas !… je m’éveillai !…
O Jésus ! (…) Je croyais, je sentais qu’il y a un Ciel et que ce Ciel est peuplé d’âmes qui me chérissent, qui me regardent comme leur enfant… Cette impression reste dans mon coeur, d’autant mieux que la Vénérable Mère Anne de Jésus m’avait été jusqu’alors absolument indifférente, je ne l’avais jamais invoquée et sa pensée ne me venait à l’esprit qu’en entendant parler d’elle, ce qui était rare. Aussi lorsque j’ai compris à quel point elle m’aimait, combien je lui étais peu indifférente, mon coeur s’est fondu d’amour et de reconnaissance, non seulement pour la Sainte qui m’avait visitée, mais encore pour tous les Bienheureux habitants du Ciel… « 

Cependant, la grâce, sur la terre, est toujours aussi liée à la croix ; mais la foi qui animait les membres de la famille Martin les aidait à traverser les épreuves en regardant le Ciel.

« Après les radieuses fêtes du moi de Mai, fêtes de la profession et prise de voile de notre chère Marie, l’aînée de la famille que la dernière eut le bonheur de couronner au jour de ses noces, il fallait bien que l’épreuve vînt, nous visiter… L’année précédente au mois de Mai, Papa avait été atteint d’une attaque de paralysie dans les jambes, notre inquiétude fut bien grande alors, mais le fort tempérament de mon Roi chéri prit bientôt le dessus et nos craintes disparurent ; (…) il était parvenu à se rendre maître de sa vivacité naturelle au point qu’il paraissait avoir la nature la plus douce du monde… Les choses de la terre semblaient à peine l’effleurer, il prenait facilement le dessus des contrariétés de cette vie, enfin le Bon Dieu l’inondait de consolations ; pendant ses visites journalières au St Sacrement ses yeux se remplissaient souvent de larmes et son visage respirait une béatitude céleste… Lorsque Léonie sortit de le Visitation, il ne s’affligea pas, ne fit aucun reproche au Bon Dieu de n’avoir pas exaucé les prières qu’il Lui avait faites pour obtenir la vocation de sa chère fille, ce fut même avec une certaine joie qu’il partit la chercher… »

La grande dévotion mariale de Louis et de Zélie, qu’ils transmirent à leurs filles, fut un secours inépuisable dans les tempêtes ; nous pouvons, nous aussi, nous tourner vers la douce Mère du Créateur, afin de lui demander son intercession.

Pour Thérèse, Marie n’est pas seulement une sainte que l’on prie, elle est une véritable Mère, et les prières que nous lui adressons sont comme les balbutiements qu’un enfant chantonne sur les genoux de sa mère. Son trésor est à nous, car nous sommes ses enfants, écrit-elle dans ses Poésies. Vivre dans la limpidité de coeur d’un enfant de la Sainte Vierge, c’est se consacrer à elle, et vivre avec elle au quotidien, comme le faisaient Thérèse et ses soeurs.

Vierge à l’Enfant, Carlo Maratta

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