S’ouvrir à l’imprévu du Seigneur
Homélie du 23 décembre 2020
En cette veille de la naissance du Christ que nous fêterons demain soir et après-demain, il est bon d’entendre le récit de la naissance de son Précurseur : Jean le Baptiste, éminemment présent dans ce temps de l’Avent.
Dans la fresque, la mosaïque que constituent ces textes, il nous manquait cette dernière pierre : le récit de sa naissance.
Nous pouvons en retenir trois choses :
La première, c’est l’insistance avec laquelle saint Luc mentionne la question du prénom. Pourquoi une telle attention à ce choix du prénom, pourquoi insiste-t-il à ce point sur le fait que ça n’est pas « Zacharie » qui est retenu comme le demande la foule, mais « Jean » ?
Zacharie signifie « Dieu se souvient », « fidélité de Dieu à Sa promesse ». Jean signifie « Dieu fait grâce », « expression de Sa miséricorde ».
Tout bien pesé, Zacharie comme Jean est plein de sens. Il n’y avait pas de quoi se disputer sur le contenu du prénom. Plus important peut-être est que Zacharie est porté dans la famille ; Zacharie signifierait une continuité. Jean n’est pas porté dans la famille. Jean, c’est le signe d’une nouveauté et d’un certain étonnement.
L’insistance de l’ange venu porter à Zacharie l’annonce de la naissance de son enfant au cœur d’un couple stérile, c’est sans doute cet inattendu de Dieu.
Le prénom signifie que certes la fidélité est importante, mais que la véritable fidélité s’ouvre à l’imprévu du Seigneur ; que ce qui fait la sainteté ce n’est pas la répétition, même des plus belles choses, c’est aussi la souplesse, la disponibilité à l’inattendu de ce que Dieu nous demande. Il y a là un complément nécessaire : fidélité et ouverture aux nouveautés que Dieu nous demande. Le choix du prénom de Jean l’exprime avec force, par rapport à celui de Zacharie.
La deuxième note que nous pouvons retenir est que le pauvre Zacharie étant muet, il n’y a pas eu de concertation entre le papa et la maman sur le choix du prénom. La maman affirme « Jean sera son prénom » et le papa « Il s’appellera Jean. » Cette convergence de l’un et de l’autre étonne. Il a fallu, intérieurement, une grâce donnée à l’un et à l’autre pour parvenir à cette conclusion. Cette la manifestation d’une délicatesse de Dieu qui a fait ce chemin du Papa et de la Maman pour se mettre d’accord.
Le troisième point que nous pouvons retenir est très beau. C’est cette expression : « La crainte saisit les gens du voisinage ». Vous savez que la crainte, il ne faut pas l’entendre au sens de la peur. La crainte dans la Bible, c’est cette crainte respectueuse, cette crainte que l’on a quand on craint de faire de la peine ou quand on découvre qu’il y a quelque chose de tellement inattendu que cela nous dépasse. C’est divin, et cela nous inspire cette crainte respectueuse, cette reconnaissance pour ce que Dieu fait.
Donc « la crainte saisit les gens du voisinage », on raconte les événements, et tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur… « Les conservaient dans leur cœur. »
Qu’est-ce que cela vous rappelle, cette expression, sinon ce que Marie fera aussi au lendemain de la naissance de Jésus ? « Elle retenait ces événements et les méditait dans son cœur. » Cette expression, déjà présente à la naissance de Zacharie, et qui le sera au combien à la naissance de Jésus, nous renvoie à notre propre coeur : comment nous allons vivre demain, après-demain, cette Nativité de Jésus comment cet événement va nous rejoindre y compris dans notre coeur ?
Comment allons-nous vivre une rencontre cordiale avec le Seigneur, à travers l’événement que nous allons célébrer ? Ce qui caractérise sans doute la foi, en particulier dans le Nouveau Testament, c’est que les événements où le Seigneur Se manifeste et Se donne, non seulement ne nous laissent pas indifférents mais nous rejoignent dans notre cœur, là où se vit la rencontre vraie avec Lui.
Bonne préparation de vos cœurs à Sa rencontre et à ces événements !