« Ta Parole est la lumière de mes pas… » (ps 118, 105)
Dans la nuit de l’Avent, la Lumière grandit dans nos coeurs…
Chaque année, le quatrième dimanche avant Noël marque le début de l’Avent, et de la nouvelle année liturgique. En ce temps de préparation, nos coeurs sont invités à se laisser travailler par l’attente.
Période enchantée, période associée à l’enfance, à ses douleurs et ses joies… Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, contant ses souvenirs, évoque la douceur de ces soirs de l’Avent et de Noël : « Que pourrais-je dire des veillées d’hiver, surtout celles du Dimanche ? Ah ! qu’il m’était doux après la partie de damier de m’asseoir avec Céline sur les genoux de Papa… De sa belle voix, il chantait des airs remplissant l’âme de pensées profondes.. ou bien, nous berçant doucement, il récitait des poésies empreintes des vérités éternelles… Ensuite, nous montions pour faire la prière en commun, et la petite reine était toute seule auprès de son Roi, n’ayant qu’à le regarder pour savoir comment prient les Saints… » (Ms A 18 v°)
L’Eglise orthodoxe et les Eglises catholiques orientales ont conservé la tradition du Jeûne de la Nativité ; l’Avent est un miroir du Carême qui précède la Passion du Christ, et la nouvelle naissance de l’humanité qu’est Sa Pâques.
Beaucoup des rites liturgiques, ainsi que la couleur du temps (violet) rappellent le Carême ; un esprit de pénitence, d’humilité mais aussi d’espérance souffle en ces jours.
C’est le temps de la gestation : comme Marie accueillant dans son corps son enfant, nous pouvons laisser le Christ grandir dans notre âme. Marie et l’Esprit Saint sont deux guides précieux en ce temps : Marie est un modèle, afin qu’à sa ressemblance nous laissions advenir le Christ en nous, et une mère. Selon les mots de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, c’est Marie qui enfante en nous le Christ, et nous enfante à la vie éternelle.
L’Esprit Saint est à la fois Celui par qui le Christ survient, et la plénitude du don du Christ…
Pendant ce cheminement, la grâce nous creuse, nous fortifie. Mais comme toujours quand le Saint Esprit travaille en nous, nous ne le sentons pas : et c’est alors que nous faisons l’expérience de notre faiblesse, que le Seigneur développe en nous la force véritable : non la force, occasionnelle et superficielle, qui jaillit de notre volonté propre, mais une force profonde et durable ; comme ce qui différencie les joies que donne le monde, et la joie que Dieu donne…
C’est précisément par une nuit de Noël, que sainte Thérèse reçut le grand don de la force d’âme : c’est à minuit que la grâce se manifesta, mais elle avait été préparée par les semaines de l’Avent, saison favorable à la retraite et aux méditations, à la recherche de l’intimité avec le Christ, à la relecture de sa vie, à l’ouverture de l’âme à la clarté de la grâce…
Temps d’ensevelissement, d’écoute et de veille, l’Avent, comme le Carême, peut déstabiliser : alors que nous cherchons le Christ, nous faisons l’expérience d’un sentiment de solitude. Alors que nous voulons courir vers Dieu comme un petit enfant, nous luttons contre le découragement, l’indifférence, la tiédeur…
En ce 1er décembre, nous fêtons le bienheureux Charles de Foucauld, qui sera bientôt canonisé. Il y a plus de cent ans, dans son ermitage du Sahara, il fit de son dénuement humain et spirituel, pendant l’Avent et la Nativité, des fêtes pour Jésus : à genoux devant une pauvre crèche, il déposait devant la Sainte Famille, tout son coeur et toute sa vie… Nous aussi, déposons devant la crèche nos angoisses, nos peines ou celles de nos proches (personnes ayant perdu un être cher, souffrant de maladie, ayant vécu une séparation douloureuse), nos fatigues, nos doutes et nos luttes.