Un portrait de saint Jean le Baptiste
Homélie du 16 décembre 2020 – L’Avent, comme une mosaïque qui dessine…
« Il nous est arrivé de décrire ce temps de l’Avent que nous vivons à partir de l’image d’une mosaïque dont, petit à petit, en posant des petites pierres, elle permet que se dessine quelque chose à nos yeux.
Et si les différentes eucharisties, si chacune des méditations de nos jours passés nous ont permis de recueillir tel ou tel trait de Celui qui vient, de Celui qui est annoncé, de Celui qui déjà se révèle à nous, ce qui est certain est que cette mosaïque qui est en train de se constituer alors déjà trace un portrait extrêmement clair et net de ce Précurseur, qui est la grande figure de ce temps de l’Avent, qui est Jean le Baptiste.
Trois traits s’imposent fortement à nous.
Il y a cette dimension d’une parole prophétique, qui vient parachever toute cette longue chaîne des porteurs de la Parole annonçant la venue du Messie ; et qui le fait, au coeur du désert, avec, nous dit saint Luc, « l’énergie et la force d’Élie. »
Comme nous le disions, Élie, dans le judaïsme de l’époque, était celui qui doit venir avant que n’arrive le Messie. Jésus dira du Baptiste qu’il est cet Élie qui doit venir. Il a cette force d’une Parole qui annonce l’arrivée messénique, l’arrivée de l’envoyé de Dieu.
Il est aussi le geste, à travers ce rite d’une plongée, d’un baptême dans le Jourdain qui est comme le parachèvement de ce cheminement que Jean le Baptiste pouvait offrir aux hommes et femmes de son temps, très en recherche, désireux d’une vie qui enfin devienne cohérente, unifiée. Il n’y a pas de malheur plus grand pour l’homme, finalement, que de ne pas avoir pu unifier sa vie.
Au contact de Jean le Baptiste, des personnes sentent que se rapprochent en eux ces aspirations diverses pour trouver leur unité profonde. La plongée dans le Jourdain contribue à l’unification de ces personnes qui se convertissent ; la conversion étant cette Rencontre, cette cohérence de nos vies.
Le Baptiste se révèle aujourd’hui avec un troisième trait qui est très surprenant. On parle de plus en plus de ces épreuves spirituelles, de ces nuits de la foi que traversent les mystiques, et on s’étonne qu’une femme comme sainte Mère Teresa de Calcutta ait pu connaître une si longue épreuve de sa propre foi. On peut noter aussi chez ce spirituel qu’est Jean le Baptiste, mais aussi ce missionnaire, une épreuve, une nuit qui doit expliquer cette parole qu’il transmet à deux de ses disciples : « Allez donc voir auprès de Jésus, s’il est vraiment Celui qui doit venir. »
Comme si, en ayant quelques échos déjà de la mission du Christ, il était éprouvé dans sa propre attente. Comme si Jésus ne correspondait pas complètement à ce qu’il croyait.
On se souvient avec quelle vigueur, parlant de ce Messie, il a employé cette image : « la cognée est à la racine. » Comme si le Messie devait être Celui qui viendrait, avec un certain radicalisme, « opérer toute justice. » Et voici que, pour mieux se faire mieux connaître, Jésus, reprenant la prophétie d’Isaïe, insiste sur ces gestes qui sont posés, sur ce ministère qu’il accomplit, à savoir que « Les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les morts ressuscitent, les sourds entendent, les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. »
Comme si ce qui était premier dans cette oeuvre de Justice était de parachever dans la vie des hommes souffrants ce qui est le Salut.
Le maître mot de ce Messie qui vient n’est pas une Justice coûte que coûte mais bien une Miséricorde et un Salut qui s’opèrent.
Ce que déjà le psaume 84 annonçait de belle manière en disant : « Amour et Vérité se rencontrent, Justice et Paix s’embrassent… La Vérité germera de la terre. » Elle attend de notre part que nous nous levions pour lui être fidèles… Mais aussi « du Ciel se penche la Justice » : Justice de Miséricorde, Justice de Salut…
Demandons au Seigneur de toujours affiner notre attente avec Lui, et de nous ouvrir à ce Salut qu’Il apporte au monde, pour y trouver confiance, espérance, foi, dans ce qui reste possible dans le monde d’aujourd’hui. Amen »