Vers une saine écologie
Homélie du 10 février 2021
Jésus vient remettre dans l’ordre le rapport entre le pur et l’impur, le sacré et le profane.
Dans ce domaine, si l’on souhaite être vraiment chrétien, inspiré de Jésus, il y a tout un travail que le Seigneur vient opérer pour la conversion, y compris de la dimension religieuse de l’homme.
C’est tout ce travail d’intériorisation. On le voyait déjà dans cette relation avec le lépreux, considéré comme un être impur.
« Si tu touches un lépreux, tu deviens toi même impur. »
On a vu comment le Seigneur a eu ce geste de venir toucher le lépreux pour montrer qu’au contraire, dans l’acte qu’il posait, il révélait le sacré à travers ce respect et ce service de l’homme.
Aujourd’hui encore, il nous invite à voir la pureté dans l’intériorité du coeur : c’est là que le travail doit s’opérer. C’est la véritable écologie. C’est dans le coeur de l’homme que se joue beaucoup de cette relation renouvelée et équilibrée dans l’univers qui est le notre.
Cet univers, la première lecture, depuis quelques jours, nous y conduit à le contempler à travers ce beau récit de la Genèse.
Nous avons cette grande chance à Alençon d’avoir dans la basilique, dédiée maintenant au couple Martin, un étonnant vitrail reprenant ce que nous sommes en train de méditer ces jours-ci. Il date du XVIème siècle et représente la Création avec, en arrière fond, un conseiller spirituel ce cette époque-là à Alençon : Briçonnet, l’évêque de Meaux, qui avait déjà cette connaissance et perspicacité pour reconnaitre qu’il n’y a pas un mais deux récits de la Genèse.
Nous sommes passés aujourd’hui du premier récit, qui inscrit la Création dans cette semaine de 7 jours (Univers, firmament, lumière, nature, homme) à un second récit où cette fois l’homme est évoqué en premier. Le Seigneur modèle avec la terre cet être auquel il insuffle son esprit.
Dans le vitrail d’Alençon, on voit cette scène d’un homme encore couché, comme statue de poussière et de terre, sur laquelle le Créateur vient répandre son souffle sur cette création de l’homme.
Il y a aussi le déploiement de la femme, créée à partir du côté de l’homme, et au centre le couple, car ce vitrail représente au fond le premier mariage : la manière dont Dieu créateur devient le célébrant de ce premier mariage de notre humanité entre Eve et Adam.
Adam est étonnamment couché dans la position qui est celle que l’on voit souvent de l’Adam de MichelAnge sur la voûte de la Chapelle Sixtine, pointant son doigt, non pas vers Dieu mais vers la main d’Eve. On pourrait dire que c’est Eve, donnée par le Créateur à Adam qui tire Adam de son sommeil et de sa torpeur.
C’est une scène extraordinaire qui nous dit quelque chose du sacrement de mariage. La végétation, les arbres et les fruits entourent ce couple. Les animaux aussi avec quelque chose qui ressemble à une colombe au dessus du premier couple. Tout cela pour nous redire le projet magnifique du Seigneur sur cet univers dont nous sommes un élément central… mais pas dominant.
Nous sommes dans une époque magnifique qui nous invite à retrouver la juste place de l’homme dans sa relation à l’univers, au cosmos et à la nature.
Une saine écologie rejoint même ce mystère de la foi, exprimée dans les premières lignes de la Genèse avant que, malheureusement, la faute ne vienne compromettre cette relation. Et dans cette compromission de la relation, dans tous les éléments créés de l’univers, hélas quelque chose du coeur de l’homme a manqué.
C’est là que nous retrouvons l’invitation de l’Evangile à être attentif, par la qualité de notre coeur, à retrouver une réconciliation, une harmonie entre tous ces éléments.
Rendons grâce au Seigneur de ces textes qui nous aident à être des repères pour les temps qui sont les nôtres et les défis que nous avons à relever dans ce temps. Le Seigneur nous parle certainement à travers les événements d’aujourd’hui pour un juste équilibre, un meilleur équilibre de l’homme avec le monde qui l’entoure et de l’homme avec lui-même. Amen